Sénégal: "Diomaye Moyna Sonko", "Diomaye défie Sonko"!

Publié le 15 juillet 2025 à 23:45

Le jeudi 10 juillet, lors de l’installation du Conseil National du parti des “Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité, plus connu sous l'abréviation de “PASTEF”.

Son président et non moins Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko s’en est pris à ses adversaires politiques, mais aussi, pour la première fois, au président Bassirou Diomaye Faye.

Pros, comme l’appellent affectueusement ses admirateurs chaque fois plus nombreux, a publiquement exprimé sa déception sur l’état global de la conduite de la politique dans son pays. Pour Ousmane Sonko, il n’y a pas de problème majeur au Sénégal, le seul et unique mal dont souffre le Sénégal est un “problème d’autorité”, voir même “d’absence d’autorité”, a-t-il déclaré jeudi 10 juillet lors de l’installation du Conseil national du Pastef.

Aussitôt, sur toutes les lèvres, la même question: “Un malaise s’installe-t-il entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko”? et le baromètre de popularité du Président du Sénégal et de son Premier ministre ne s’est pas encore une fois trompé sur la popularité du faiseur de rois, Sonko et de son “jeune frère” Bassirou. Plusieurs journaux à travers le continent africain et les médias sénégalais se sont emparés de cette prise de parole remarquée du Premier ministre Ousmane Sonko devant le Conseil National du Pastef.

Dans les “Grand-places” ou autres “Bancs de Jottaay”, “Il y’a de l’eau dans le gaz” avant de s’inquiéter “si l’explosion aura lieu”.

Ousmane Sonko dans son style traditionnel qu’on lui cornait reproche à son ancien Secrétaire général de ne pas assez trancher et de ne pas défendre son Premier ministre, notamment face aux attaques de tous bords. “On ne peut tolérer qu’un homme, père de famille et chef d’institution, soit traîné quotidiennement dans la boue, sous couvert de liberté d’expression”. Des attaques qui peuvent cesser si le président décide “de s’y opposer fermement”, martèle t-il.

 

Respect des engagements et promesses.

Depuis son arrivée au pouvoir, le duo “Diomaye Ak Sonko”, (Diomaye et Sonko) a prôné le souverainisme et le panafricanisme. Mais les nouvelles autorités affirment que leur action politique est limitée par l’état “catastrophique” dans lequel elles disent avoir trouvé le pays.

La question qui sous-tend l’interpellation directe Président du Pastef Ousmane Sonko, peut être comprise comme une divergence croissante entre les deux figures principales de l’exécutif sénégalais sur la place de leur parti Pastef dans le dispositif de l’État. Reste donc la question de savoir comment Bassirou Diomaye Faye va gérer ces interpellations.

Ousmane Sonko appelle aussi à ce qu’on le “laisse gouverner” et dénonce un manque de marge de manœuvre pour exécuter les réformes promises. “J’interpelle le président Bassirou Diomaye Faye pour qu’il prenne ses responsabilités, sinon qu’il me laisse faire”, a-t-il dit. Le Premier ministre a également appelé la justice à faire son travail et à accélérer la reddition des comptes.

Il ne faut pas avoir une lecture facile de cette situation pour y voir une crise entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Il est vrai que cette scène survient au moment où le Sénégal du lendemain des élections présidentielles de mars 2024 se trouve dans une période d’attente de réalisation des promesses tenues pendant la campagne électorale notamment dans le domaine économique et que la population a d’importantes attentes vis-à-vis de la justice, de la souveraineté.

Pour tenter d’apaiser les “Patriotes”, Diomaye Faye réagit: "Il est mon ami". "Je n'ai aucun conflit avec lui. Je souhaite continuer à m'appesantir sur ce que les Sénégalais attendent de nous, en mettant l'accent sur les solutions à apporter à leurs difficultés".

Ces clarifications suffiront-elles à éviter de nouvelles dissensions? Du côté du parti, le Pastef, les déclarations se sont en tout cas multipliées ces dernières heures pour rassurer sur la bonne entente entre le président et son Premier ministre.

 

Erreur d’agenda

La première image publique du président après l’interpellation de son premier ministre a eu lieu lors de la présentation des conclusions du dialogue national qui était la toute première “priorité” de Bassirou Diomaye Faye, Président. Son actualité montre à suffisance le décalage réel entre son agenda présidentiel et les urgences du pays.

Bassirou Diomaye Faye qui a également rappelé ses priorités: “Préserver la paix et la stabilité politique du pays” alors que les sénégalais trépignent d’impatience pour une vision économique claire, une politique de réédition des comptes assumée. Un chef d’état ne doit s’occuper de la paix des voisins d’autant plus que le Sénégal n’est pas en guerre. Puisqu’il lui revient de fixer les priorités, Bassirou Diomaye Faye doit se concentrer sur les difficultés du quotidien des Sénégalais. C’est là qu’on l’attend.

 

Et après…

“Rien, absolument rien, ne saurait briser le lien indéfectible qui unit le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko”. C’était le message que El Malick Ndiaye, le président de l’assemblée nationale sénégalaise, a publié dans un communiqué, ce 15 juillet, jour anniversaire de Ousmane Sonko.

Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont des compagnons de longue date et ont tous les deux été emprisonnés sous le régime de l’ancien président Macky Sall (2012-2024). M. Sonko, figure dominante de la politique sénégalaise ces dernières années, a été nommé premier ministre en avril 2024, au lendemain de la victoire de son second et bras droit Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle, qu’il avait fait élire après que sa propre candidature a été invalidée.

 

Pourquoi cette haine contre Ousmane Sonko?

Ousmane Sonko a précisé s’être rendu “en personne” auprès du président pour évoquer les attaques dont il fait l’objet. Les anciens caciques du précédent régime pensent que le premier ministre est le verrou qui les empêche d’atteindre leur objectif. De l’intérieur de son propre parti, il y en a même qui ont déjà commencé à mettre sur pied leur propre plan, cherchant à créer des clans au sein du parti.

Le premier ministre a été régulièrement accusé depuis ces derniers mois par des militants, des opposants et des membres de la société civile de vouloir faire taire toute voix discordante au Sénégal.

Malgré ces accusations, Ousmane Sonko martèle que le peuple sénégalais ne les a pas élus pour qu’ils cherchent à plaire à la société civile ou à l’opposition.

La trouvaille des détracteurs du premier ministre c’est de tenter le “good cop”, “bad cop”. Ce procédé qui consiste à dépeindre deux amis à travers des caractères antagonistes: l’un considérer comme le “bon” et l’autre comme le “mauvais”.

Le poète Amadou Lamine Sall rapportait il y’a quelques temps des propos attribués au Président Senghor qui aurait dit que pour être président au Sénégal, il faut être un saint ou un héros. Sous ce prisme, Bassirou Diomaye Faye serait le saint et Sonko, le rebelle, l’orage et l’ouragan, et donc le héros. Un chef de gouvernement “volcanique”, véritable “tribun”, face à un chef d’État qui serait l’incarnation d’une alternance apaisée. Sauf que, dans leur accession à au pouvoir beaucoup de citoyens sénégalais se considèrent à juste titre comme des “sociétaires” de cette grande coopérative Sénégal pour qui ils ont eu à payer de lourds tributs par le sang versé, les fortes sommes d’argent levées, et par les morts dont les pauvres âmes continueront d’errer tant que leurs bourreaux continuent à se pavaner à leur aise dans le pays.

Bacary Goudiaby

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